Cette association du Lauragais conte depuis 50 ans l’aéronautique et en préserve le patrimoine (2024)

C’est un site bien vaste que celui du Vol à voile de la montagne Noire, à cheval entre Vaudreuille (Haute-Garonne) et Labécède-Lauragais (Aude). Beaucoup l’ignorent, mais certains des vieux bâtiments qui le composent – et surplombent de plusieurs centaines de mètres par endroits la plaine revéloise (nous sommes ici à 447m d’altitude) – abritent de véritables trésors.

Un patrimoine matériel et historique dont Claude Andrieu et ses acolytes de l’Apparat sont aujourd’hui les gardiens et fervents défenseurs. Mieux encore, le secrétaire adjoint de cette Association pour la préservation du patrimoine aéronautique et la restauration d’avions typiques se veut – probablement autant que les quelques membres actifs de cette dernière – une véritable encyclopédie vivante. Du moins pour ce qui est d’un sujet: l’aviation légère.

50 ans d’activités pour l’Apparat

Voilà 25ans que Claude Andrieu a rejoint Bernard Gabolde, le président fondateur, et ses camarades passionnés de l’Apparat. Elle, fêtait le jeudi4avril2024 son cinquantième anniversaire! Un demi-siècle passé à collecter des documents, acquérir ou récupérer des engins, à les réparer…

Si bien qu’aujourd’hui, le bâtiment qui servait de cantine à l’époque du Centre national de vol à voile abrite un musée – celui de l’Aviation légère de la montagne Noire – avec toutes sortes de documents, de maquettes; et le hangar Mistral, une véritable flotte d’appareils volants, retraçant à eux seuls l’histoire de l’aviation légère. «Depuis les origines jusqu’aux années1960, car jusque là, ils n’étaient encore fabriqués qu’en bois et en toile», précise le retraité.

Des engins d’exception

Ici se côtoient près de 35avions légers et planeurs – auxquels il faut ajouter la petite quinzaine entreposée dans la réserve, en pièces détachées – parmi lesquels des modèles assez exceptionnels:

• L’Oiseau en plumes (d’oie de Castelnaudary) imaginé en 1873 par Clément Ader;
• Le Sulky, un « engin de performance », identique à celui ayant effectué le premier vol du Vol à voile de la montagne Noire en 1932, avant de se poser à Vaudreuille, dans un potager ;
• Le Nord 2 000 (version française du DFS Olympia Meise conçu pour les JO de 1940) ayant participé et remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques historiques de Londres en 2012;
• Le Storch, que l’Apparat a prêté à l’équipe de production du film La Promesse de l’Aube avec Pierre Niney et Charlotte Gainsbourg. «Bleu et blanc à l’époque, il a été recouvert pour le tournage d’une peinture vieillissante qui aujourd’hui commence à partir», décrit Claude Andrieu;
• Le CM8, un planeur qui, « après quelques évolutions et l’ajout d’un turboréacteur », est devenu le Fouga-Magister, adopté par la Patrouille de France;
• Une série de Bréguet dont le 901, « le plus connu », le 905 Fauvette ou encore le 904, détenteur du record en altitude de 1951, record de 1 500m établi dans les Pyrénées;

Autant d’engins dont Claude Andrieu semble connaître l’histoire sur le bout des doigts. «Il y a là-dedans des planeurs qui ont volé jusque dans les années80. Aujourd’hui, il y en a encore six ou sept en état de vol, rapporte-t-il. À l’époque du Centre national, jusqu’à 40avions pouvaient voler simultanément ici.»

Un petit noyau de membres actifs

Une époque désormais révolue, car si les vols continuent, le centre, lui, a fermé ses portes depuis bien des années. «Tout s’est arrêté en 1980. Le site est tombé en désuétude, jusqu’à ce que se monte l’Apparat et qu’on investisse les locaux. On a commencé à constituer une collection, puis le Vol à voile de la montagne Noire est arrivé avec un matériel plus moderne», retrace-t-il.

Aujourd’hui, l’Apparat compte une cinquantaine de membres, dont beaucoup d’anciens stagiaires. Mais « ceux qui font tourner la boutique » ne se comptent plus que sur les doigts d’une seule main. La relève ? Personne ne saurait dire si elle sera assurée. Pourtant, un véritable patrimoine sommeille là.

L’un des derniers terrains historiques de vol à voile

Depuis 25 ans qu’il adhère à l’association, Claude Andrieu a acquis tout un tas de connaissances bien utiles à la restauration des engins entreposés dans les hangars, propriétés de l’Apparat. Or de question de les laisser prendre la poussière: les machines, ça s’entretient! Alors, l’équipe de bénévoles a aménagé un véritable atelier de restauration dans l’un des hangars du Vol à voile.

Mais la préservation ne touche pas qu’aux planeurs, avions légers et autres engins conservés là. «On a ici un véritable patrimoine, avec des hangars qui sont classés au titre des Monuments historiques, appuie le retraité. Vous savez, des terrains historiques du vol à voile, il n’en reste que deux dans le monde: un en Allemagne et le nôtre!»

Ce qui fait sa particularité? Sa déclivité de 400m et sa position, perpendiculaire au vent d’ouest. Des caractéristiques qui en ont fait, dès le début, un «terrain idéal» pour la pratique du vol à voile, le lancé au sandow (un gros câble élastique), comme cela se pratiquait à l’époque, ou en voiture – il est le seul en France où l’on peut le faire. Et l’établissem*nt de nombreux records, notamment de durée de vol.

Ouvrir les portes au grand public

Un patrimoine que l’Apparat s’efforce donc, tant bien que mal, de préserver et de transmettre depuis 50ans. Un combat de tous les jours, car les visites du site ne semblent pas suffire. «Beaucoup de personnes, même des habitants du coin, ne savent pas que nous existons, ce que nous faisons», regrette le pilote de 81ans.

Le sujet du moment? La réhabilitation des bâtiments, vétustes et inoccupés depuis les années 1980. « En Allemagne, ils ont misé sur l’aspect touristique en ouvrant un restaurant et développant toutes sortes d’activités. C’est ce qu’il faudrait faire ici… », suggère Claude Andrieu. Un dossier sur lequel travaille la communauté de communes Aux Sources du canal du Midi et des étudiants de l’université Jean-François-Champollion d’Albi.

Infos pratiques
Musée d’Aviation légère de la montagne Noire – Vol à voile de la montagne Noire – 4060, route du Vol à Voile – 31250 Vaudreuille
Visites du musée toute l’année, sur rendez-vous. Contact: [emailprotected] ou 0683184651.

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